Nom : Gesvres (Léon Potier de Luxembourg ; comte de Sceaux ; duc de Tresmes ; marquis de)
Dates : 1620 - 9/12/1704
État(s) historique(s) : France (royaume de)
Pays actuels(s) : FRANCE
Remarques biographiques :
Né en 1620, de René Potier, duc de Tresmes, chevalier des ordres du roi, et de Marie de Luxembourg (Fauvelet du Toc).Le duché-pairie de Tresmes est commué par lettres patentes en duché-Pairie de Gesvres en juillet 1670 (Levantal, p.327).

Épouse en 1651 Marie-Françoise-Angélique du Val qui meurt le 24 octobre 1702, puis épouse en seconde noce le 29 janvier 1703 Marie-Renée de Romillé (Moréri).
Gouverneur du Maine, Perche et laval, nommé en survivance par lettres de provision du 30 avril 1651, titulaire le 1er février 1670. Il démissionne en avril de la même année (Horowski, p. 557).
Capitaine des gardes du corps en survivance par lettres de provision du 18 juin 1646, titulaire vers 1662. Il démissionne en juillet 1669 (Horowski, p. 74)
Nommé en survivance premier gentilhomme de la chambre du roi par lettres de provisions du 28 juillet 1669 (Arch. nat. O(1) 13), il devient titulaire à la mort de son père en janvier 1670. La survivance de la charge est accordée à son fils le 11 janvier 1670 (arch. Nat. O(1) 14 ) ou le 10 février 1670 selon les actes (Levantal, d'après Arch. nat., Minutier Central).
Gouverneur de Paris nommé le 13 février 1687 par lettre de provision, reçu le 10 avril 1687. Il exerce la charge jusqu'à sa mort (Horowski, p. 472).
Reçu chevalier des ordres le 31 décembre 1688, nommé le 2 décembre 1688 (Horowski, p. 635 / et Cérémonies de l'ordre du Saint-Esprit).

Meurt le 9 décembre 1704 (Moréri).

Saint-Simon brosse le portrait peu flatteur d'un courtisan qui haïssait même son fils, le marquis de Gesvres. Il décrit également l'humiliation qu'il fit au maréchal de Villeroy : « Il fit, cette même année, un tour au maréchal de Villeroy à le tuer. Tous deux étaient venus de secrétaires d'État, et tous deux avaient eu des pères qui avaient fait une grande et extraordinaire fortune. Un jour que le petit couvert était servi, et que le roi était encore chez Mme de Maintenon, où il allait souvent les matins, les jours qu'il n'avait point de conseil, comme les jeudis et les vendredis (et qu'elle n'avait point là de Saint-Cyr à aller dès le matin, comme à Versailles), les courtisans étaient autour de la table du roi, à l'attendre, et M. de Gesvres, pour le servir. Le maréchal de Villeroy arriva avec ce bruit et ces airs qu'il avait pris de tout temps, et que sa faveur et ses emplois rendaient plus superbes ; je ne sais si cela impatienta ce vieux Gesvres plus qu'à l'ordinaire, mais dès qu'il le vit arriver, derrière un coin du fauteuil du roi où il se mettait toujours : « Monsieur le maréchal, se prit-il à lui dire tout d'un coup, la table et le fauteuil entre-deux, il faut avouer que vous et moi sommes bien heureux. » Le maréchal, étonné d'un propos que rien n'amenait, en convint avec un air modeste, et, secouant sa tête et sa perruque, voulut le rompre en parlant à quelqu'un ; mais l'autre, qui n'avait pas si bien commencé pour rien, continue, l'apostrophe pour se faire écouter, admire la fortune du Villeroy qui épouse une Créqui, et de son père qui épouse une Luxembourg, et de là, des charges, des gouvernements, des dignités, des biens sans nombre ; et les pères de ces gens-là des secrétaires d'État : « Arrêtons-nous là, monsieur le maréchal, s'écria-t-il, n'allons pas plus loin ; car, qui étaient leurs pères, à ces deux secrétaires d'État ? De petits commis, et commis eux-mêmes; et de qui venaient-ils ? Le vôtre, d'un vendeur de marée aux halles, et le mien, d'un porteballe et peut-être de pis. Messieurs, s'adressant à la compagnie tout de suite, est-ce que je n'ai pas raison de trouver notre fortune prodigieuse, à M. le maréchal et à moi ? N'est-il pas vrai donc, monsieur le maréchal, que nous sommes bien heureux ? » Puis à regarder, à se pavaner et à rire. Le maréchal eût voulu être mort, beaucoup mieux encore l'étrangler, mais que faire à un homme qui, pour vous dire une cruauté, s'en dit à lui-même le premier ? Tout le monde se tut et baissa la vue ; il y en eut plus d'un qui ne fut pas fâché de regarder le maréchal du coin de l'oeil, et de voir ses grandes manières si plaisamment humiliées. Le roi vint et finit le spectacle et l'embarras, mais il ne fit que suspendre. Ce fut la matière de la conversation de plusieurs jours, et le divertissement de la malignité et de l'envie si ordinaires à la cour.» (Saint-Simon).
Sources bio-bibliographiques :
. Archives nationales O(1) 13, fol. 170 v° - 172 r°.
. Archives nationales O(1)14, f.102-103, 11.I.1670, survivance accordée à son fils.
. Archives nationales MC, ét/LXXXVI/408, 10.II.1670, survivance accordée à son fils.
. Moréri, Le grand dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire, Paris, Lemercier, 1759, t. VIII, p. 521.
. Fauvelet du Toc (Antoine), Histoire des secrétaires d’Estat contenant l’origine, le progrès et l’établissement de leurs charges, Paris, chez Charles De Sercy, 1668, p. 282-283.
. Cérémonies observées à la réception des Commandeurs et des Chevaliers, ausquels le Roy a donné d’Ordre du saint Esprit, à Versailles le 31 décembre dernier et le premier jour de l’An 1689, Paris, chez J.-B. Coignard, 1689, fol 12. Volumes consacrés à l'histoire de l'Ordre du Saint-Esprit. CXXI-CXXIX Seconde série de volumes consacrés à l'histoire de l'Ordre du Saint-Esprit. Recueil chronologique de notices généalogiques, pièces, dessins et portraits peints ou gravés concernant les membres de l'Ordre. CXXVIII Années 1688-1694.
. Horowski (Leonhard), Die Belagerung des thrones, Machtstruckturen und Karrieremechanismen am Hof von Frankreich 1661-1789, 2012.
. Saint-Simon (Louis de Rouvroy, duc de), Mémoires (1701-1707), Additions au journal de Dangeau, éditées par Yves Coirault, Gallimard, t.I, Paris, 1983, p. 678.
Entrée d'index : Gesvres (Léon Potier de Luxembourg, comte de Sceaux, marquis de) (1620-1704), premier gentilhomme de la chambre du roi (1670 - 1704)
Institution(s) : Maison du roi
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Légende(s) lien(s) :
Liste des commandeurs et chevaliers du Saint-Esprit nommé par le roi lors de la cérémonie de 1688.
Auteur(s) de la notice : Sandrine Jauneau

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