Titre : Le nouveau musée de la Vieille Aile au château de Versailles
Type de texte : Article
Source : Beaux-Arts ; Au château de Versailles : le nouveau musée de la Vieille Aile (numéro spécial)
Date(s) : 1928
Pagination : 24 p.
Notice bibliographique :
Pératé (André), Brière (Gaston), « Le nouveau musée de la Vieille Aile au château de Versailles », Au château de Versailles : le nouveau musée de la Vieille Aile (numéro spécial), Beaux-Arts, 1928, 24 p.
Résumé ou incipit :
Les plus anciens tableaux qui nous montrent le Château de Louis XIV, et particulièrement la peinture de Patel, en 1668, laissent voir, un peu en avant de la charmante construction, et à gauche de la cour d’entrée, un corps de logis en brique et pierre, d’aspect simple, sans ornement autre que le dessin régulier des cintres où s’encadrent les fenêtres, et des placages qui les séparent. Ce sont les premières Écuries du Roi, ébauche bien modeste des magnifiques bâtiments qui devaient si harmonieusement délimiter l’immense Place d’Armes.
Englobée dans les constructions de Le Vau et de Mansart, qui portent le Château à l’état de perfection qu’il avait à la mort du grand Roi, cette « Vieille Aile » demeure intacte durant tout le XVIIIe siècle ; elle n’est pas comprise, en 1770, dans les destructions qu’entraîne la mise en œuvre, bientôt interrompue, du « grand projet » de Gabriel ; seule, au début du XIXe siècle, l’aile qui lui fait face ainsi que son pavillon apparaissent transformés de façon irrémédiable. Cependant, sous l’Empire et la Restauration, voilà que le « grand projet » est repris, et que l’architecte Dufour jette bas le second pavillon Louis XIV, celui qui termine la Vieille Aile ; va-t-elle périr ? Elle échappe encore à la ruine, et durant tout le siècle elle maintient sa petite existence, adaptée tant bien que mal, en annexe, au Musée de Louis-Philippe. La menace pourtant restait suspendue sur son pauvre toit ; les architectes qui se succédaient n’avaient pas oublié le « grand projet », et le prétexte d’achever de mettre en harmonie cette partie du Château avec l’Aile Gabriel qui lui fait pendant semblait les autoriser à entretenir une décrépitude qui allait s’aggravant chaque jour.
A début de ce siècle-ci, les dégâts de la toiture avaient fait de tels progrès, qu’il avait été nécessaire de retirer des salles, depuis longtemps fermées au public, ce qu’elles contenaient encore de peintures ou de mobilier en réserve ; avis était prudemment donné aux services du Musée de circuler le moins possible sur des parquets condamnés à l’effondrement. C’est alors que le « grand projet » fit sa réapparition sous une forme nouvelle : il s’agissait non seulement de vider la Vieille Aile de ses cloisons intérieures, mais de reporter l’un de ses murs, entièrement modernisé, à l’alignement du pavillon Dufour, ce qui, sans parler d’objections non moins graves, rétrécissait de façon très gênante la cour dite des Princes. A l’intérieur, une grande salle était prévue, somptueusement décorée de tapisseries et de peintures, et dont le principal avantage, ou plutôt le seul vrai mérite, était d’offrir un abri définitif aux célèbres globes de Marly, que les agrandissements récents de la Bibliothèque Nationale avaient fait émigrer à Versailles.